Ce que pense Antoine Darodes

Publié le 14 septembre 2017

Antoine Darodes, directeur de l’Agence du Numérique, dit ce qu’il pense du déploiement de la fibre optique dans le Grand Est et des agitations de SFR.

“Concernant spécifiquement le projet du Grand Est, dont la dynamique a été initiée à Strasbourg en avril 2016 par le Ministre de l’Economie de l’époque, je me souviens que jusqu’au mois de juin dernier, SFR le considérait comme l’un des plus beaux projets du Plan et ne manquait pas de louanges à son égard.

Nous considérons également qu’il s’agit d’un projet remarquable tant dans sa forte ambition que dans sa capacité inédite à avoir réussi à mobiliser des investisseurs privés, fonds et banques, nationaux et européens, de premiers plans.  Il n’y a pas de doute sur la qualité de ce projet, qui a bien veillé à se construire en complémentarité des intentions d’investissement des opérateurs privés (pas d’intervention en zone AMII, ni sur les zones de réseaux câblés privés).

Après, concernant le choix de la collectivité d’avoir retenu l’offre proposée par NGE (un des premiers groupes français de travaux publics), Altitude et leurs investisseurs privés, plutôt que le projet d’Altice,  si ce dernier estime avoir été lésé au terme de la procédure, il existe des voies de droit qui sont lui sont ouvertes.

Par ailleurs, en cas de déploiement en parallèle sur une même zone, il appartiendra à l’ARCEP de faire respecter les déploiements avec ce principe de mutualisation définit sur ces zones d’initiative publique. Il faut bien comprendre les difficultés d’un réseau fibre optique en doublon et les surcoûts inutiles. Sans même parler des équipes à former, et du matériel nécessaire (câbles de fibre optique, fourreaux, machines…) pour installer ces infrastructures.

C’est un énorme paquebot. On est passé de 1 million de prises produites en 2014 à 2 millions en 2016, plus de 2,5 millions en 2017 et 3 millions en 2018 ! Si on consacre une partie de cet outil industriel à déployer deux réseaux dans certaines zones, c’est autant de ressources en moins pour les autres territoires.

Que de nombreux acteurs souhaitent déployer des réseaux FttH, c’est bien mais il faut encore savoir ce que signifient leurs intentions (notamment en terme de complétude) et comment ils les conditionnent (co-investissement d’opérateurs tiers par ex).

L’article L33-13 du code des postes et des communications électroniques introduit par la loi pour une République Numérique en octobre 2016 offre aux opérateurs un cadre particulièrement pertinent pour prendre des engagements précis et crédibles au regard des impératifs d’aménagement numérique des territoires.

Bref, le temps est venu de passer des muses à la scène !”

Interview publiée le 14 septembre 2017 dans Degroupnews